Sauver les cellules saines

La recherche a permis de découvrir des agents efficaces pour détruire les cellules cancéreuses, mais il y a un prix à payer. Certains de ces médicaments, comme la doxorubicine (DOX), peuvent aussi endommager le cœur. La DOX est couramment utilisée en chimiothérapie pour traiter de nombreux cancers, y compris des cancers du sein, de l’utérus, des ovaires, de la vessie et des poumons, ainsi que des leucémies et des lymphomes.

« Lorsque des patients sont traités par chimiothérapie, les médicaments, comme la DOX, agissent à coups de masse, explique le Dr Lorrie Kirshenbaum, directeur de l’Institut des sciences cardiovasculaires (ISC) du Centre de recherche Albrechtsen de l’Hôpital Saint-Boniface. Ils s’attaquent à toutes les cellules qui se divisent, qu’elles soient cancéreuses ou saines. Comme les cellules du cœur cessent de se diviser à la naissance, elles ne peuvent pas se réparer une fois endommagées. Ainsi, la fonction de pompage du cœur peut être altérée. »

Le Dr Kirshenbaum a découvert la source de cet effet secondaire. « La DOX active un gène suicide appelé Bnip3. Une fois activé, le gène Bnip3 devient un tueur. C’est ce même gène qui programme la mort des cellules du cœur après une crise cardiaque. »

Maintenant qu’il comprend les mécanismes du gène Bnip3, le Dr Kirshenbaum veut trouver une solution à ce problème en développant un médicament « inhibiteur » qui pourra être pris avec la DOX pour que le gène Bnip3 reste inactif dans le cœur, sans compromettre la capacité du médicament à détruire les cellules cancéreuses.

De nouveaux pôles de recherche

La voie à suivre pour développer cet inhibiteur laisse aussi entrevoir de nouveaux axes de recherche sur le cancer. Les cellules cancéreuses perdent leur capacité de stopper la division cellulaire. Le Dr Kirshenbaum a réussi à démontrer que le gène Bnip3 n’est pas activé dans les cellules cancéreuses. Son équipe cherche maintenant à comprendre comment on peut amener le gène Bnip3 à s’activer pour empêcher les cellules cancéreuses de se développer.

Bien que d’autres laboratoires fassent de la recherche sur le processus de mort cellulaire dans les maladies du cœur et le cancer, l’Hôpital Saint-Boniface est le seul établissement à travailler directement en contexte clinique.

Le Dr Kirshenbaum croit que lorsque les mécanismes de contrôle qui indiquent normalement aux cellules saines de cesser de croître ou de se diviser deviennent endommagés, les cellules saines se développent de façon incontrôlable et deviennent cancéreuses. Son équipe a découvert que le gène Bnip3, qui régule la mort cellulaire, peut être réintroduit dans les cellules cancéreuses pour les empêcher de se diviser. En fait, l’équipe a démontré qu’en manipulant génétiquement le gène Bnip3 pour l’activer dans les cellules cancéreuses, on peut reprogrammer ces cellules pour les empêcher de croître et provoquer leur mort.

La transposition en contexte clinique

Bien que d’autres laboratoires fassent de la recherche sur le processus de mort cellulaire dans les maladies du cœur et le cancer, l’Hôpital Saint-Boniface est le seul établissement à travailler directement en contexte clinique, ce qui est très prometteur pour aider les patients.

Des patients comme Alina.

En 2017, Alina pensait avoir une grossesse extrêmement difficile. Elle était épuisée et avait de la difficulté à s’occuper de ses deux enfants. Elle avait aussi la grippe et une toux persistante.

Elle s’est rendue à maintes reprises à l’Hôpital Saint-Boniface pour y être soignée. Bien qu’aucun diagnostic n’ait été confirmé, le personnel infirmier lui a toujours fourni d’excellents soins. À sa quatrième visite, son obstétricien a insisté pour qu’Alina soit admise à l’Hôpital Saint-Boniface pour une batterie de tests afin d’établir un diagnostic.

À 32 semaines de grossesse, elle a reçu la pire nouvelle de sa vie : elle avait un cancer.

Les deux semaines et demie qui ont suivi se sont passées dans une sorte de brouillard, alors qu’elle devait passer d’autres examens. À la 34e semaine de grossesse, son fils est né par césarienne et a été immédiatement admis à l’Unité néonatale de soins intensifs (UNSI).

Elle n’oubliera jamais les excellents soins reçus par son fils et la collaboration entre tous les services hospitaliers qui ont aidé sa famille. Une fois son diagnostic de lymphome hodgkinien confirmé, Alina a commencé la chimiothérapie.

Aujourd’hui, Alina garde espoir en l’avenir, l’espoir de voir ses trois jeunes fils devenir des adultes. Elle a toute la vie devant elle et passera de nombreux moments mémorables avec sa famille. La recherche sur le cancer au Centre de recherche de l’Hôpital Saint-Boniface offre un vaste potentiel d’amélioration des traitements que reçoit Alina et peut offrir à Alina et à sa famille un avenir plus certain.



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