Prenez la bonne décision

12 février 2021

Nous sommes un 23 décembre. Rosauro Rosales, 57 ans, se détend en compagnie de sa conjointe de fait, Genesis Mallen, et de sa belle-sœur, Yzel Mallen, dans leur maison de St. James.

Rosauro avait téléphoné à ses sœurs à Toronto plus tôt dans la soirée. Aux environs de neuf heures, alors qu’ils regardent ensemble une émission sur Netflix, « soudainement, sans avertissement, Rosauro commence à ressentir des douleurs à la poitrine », raconte Genesis Mallen, ajoutant que Rosales n’avait pas d’antécédent de troubles cardiaques.

« Je lui ai demandé si la douleur était aiguë ou s’il ressentait comme une pression sur la poitrine », se rappelle-t-elle. « Il ressentait la pression et la douleur était vive et augmentait. Il était nerveux et il craignait que ce soit une crise cardiaque, mais nous n’étions pas certains ».

Le couple a ensuite pris une décision qui a peut-être sauvé la vie de Rosauro. « Il se préparait à se rendre lui-même en voiture à l’hôpital le plus près. Je lui ai dit : “si c’est une crise cardiaque, tu pourrais mettre la vie d’autres personnes en danger si tu causes un accident”. Ma sœur et moi lui avons dit qu’il valait mieux appeler une ambulance par mesure de sécurité, et il a consenti », raconte madame Mallen.

« Si c’est une crise cardiaque, tu pourrais mettre la vie d’autres personnes en danger si tu causes un accident. »

(À partir de la gauche) Le Dr John Ducas en compagnie d’Alia Timchuk et Robyn Burgess, ambulancières paramédicales de Winnipeg.

Ils ont fait le bon choix en composant le 911 affirme le Dr John Ducas, directeur médical du Manitoba Acute Coronary Syndrome (ACS) Network.

« L’Hôpital Saint-Boniface est le centre d’excellence en soins cardiaques du Manitoba. Nous sommes là pour vous venir en aide. Nous voulons que vous preniez conscience de l’importance de composer le 911 ou le numéro d’urgence votre municipalité si vous êtes témoin de quelqu’un qui subit un infarctus ou si vous en ressentez vous-même les symptômes », déclare le Dr Ducas.

Il y a deux types d’infarctus, le plus grave étant le STEMI lorsqu’une artère coronaire est bouchée soudainement par un caillot sanguin. Sans traitement, une personne sur quatre qui subit un STEMI décédera dans les premières heures ou dans les premiers jours.

Pour traiter un STEMI, il faut enlever le caillot sanguin. « Si l’artère est débloquée, le risque de décès est réduit à environ une personne sur dix », affirme le Dr Ducas.

Il y a deux interventions possibles. La première est l’angioplastie, une opération qui consiste à débloquer une artère et à l’élargir au moyen d’un petit ballon. « Cette intervention est très rapide et très efficace », explique le Dr Ducas. L’Hôpital Saint-Boniface dispose de l’unique établissement dans la province doté de l’équipement nécessaire pour fournir des traitements d’angiographie comme l’angioplastie.

« Lorsqu’une artère est débloquée très rapidement grâce à une angioplastie, le risque de décès passe à moins d’une personne sur 20. Donc, l’angioplastie visant à débloquer rapidement une artère maximise les chances de survivre et de limiter les dommages qui pourraient être source de problèmes plus tard comme l’insuffisance ou l’arythmie cardiaque (irrégularité du rythme cardiaque). »

La deuxième façon de traiter un STEMI est d’administrer par intraveineuse un médicament qui dissout le caillot sanguin. « Ce n’est pas aussi rapide ni aussi efficace et, étonnamment, c’est assez dispendieux », affirme le Dr Ducas.

Si un patient se trouve loin de Winnipeg et ne peut pas se rendre à l’Hôpital Saint-Boniface par ambulance en une heure et demie ou moins, il vaut mieux qu’il se rende à l’hôpital local pour obtenir un médicament qui dissout le caillot sanguin. Par la suite, tous ces patients sont transférés à l’Hôpital Saint-Boniface par ambulance terrestre ou aérienne (hélicoptère) où l’on s’assure que le caillot est bien dissous, et des soins supplémentaires leur sont prodigués.

« Vous pouvez maximiser vos chances de survivre à un STEMI et de réduire les possibilités de souffrir de troubles cardiaques à l’avenir, quelle que soit la région où vous habitez, en composant le 911 ou le numéro d’urgence votre municipalité pour obtenir rapidement un traitement ».

Conduire un véhicule peut s’avérer mortel

Rosauro Rosales a composé le 911 le soir qu’il a subi une crise cardiaque.

Le 23 décembre, Rosauro Rosales et Genesis Mallen ont appelé le 911. « La décision d’appeler une ambulance a été capitale, affirme madame Mallen, parce que si c’était une crise cardiaque, les ambulanciers feraient le nécessaire pour éviter que d’autres lésions surviennent. Ils sont arrivés en moins de cinq minutes. »

Composer le 911 peut réduire de 40 à 50 minutes l’administration d’un traitement. « Dans la ville de Winnipeg, environ 450 personnes ont souffert d’un STEMI l’an dernier, et une centaine dans les collectivités avoisinantes », raconte le Dr Ducas.

« Tragiquement, seulement la moitié environ de ces patients ont composé le 911. Bon nombre des autres ont été pris de peur, de panique ou de déni. Ils se sont rendus à l’hôpital en taxi ou avec leur propre véhicule – quelques-uns ont même pris eux-mêmes le volant. C’est une décision très mal avisée », affirme-t-il.

« J’ai personnellement eu à traiter des patients qui ont eu un accident de voiture en raison d’une arythmie qui s’est manifestée en route vers l’hôpital », raconte le Dr Ducas.

« À partir du moment où vous composez le 911, il faut de cinq à sept minutes si vous êtes dans la ville, et de 10 à 15 minutes si vous êtes à l’extérieur avant que les ambulanciers puissent traiter l’arythmie et vous sauver la vie ».

« Les gens ne comprennent pas qu’il n’est pas nécessaire d’être terrassé par un infarctus aigu pour souffrir d’une arythmie et décéder. Vous pouvez faire une crise relativement moins grave qui peut en provoquer une. Vous pouvez mourir de l’arythmie et pas des lésions cardiaques », explique le Dr Ducas.

Il s’avère que Rosauro Rosales a subi effectivement un infarctus en décembre dernier. Il a été traité par angioplastie à l’Hôpital Saint-Boniface et il a survécu.

« Ce soir-là, raconte madame Mallen, son médecin m’a appelé et m’a dit que nous avions bien fait d’empêcher Rosauro de conduire. Il aurait pu causer un accident ou se rendre dans un autre hôpital moins bien équipé pour traiter les crises cardiaques. Ce fut une bonne chose d’appeler les ambulanciers. Ils ont su où le transporter pour qu’il obtienne le traitement qu’il lui fallait ».

« Ce fut un moment angoissant, mais nous avons reçu le plus cadeau de Noël qui soit. La vie de Rosauro. »


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