Naissance d’un programme qui sauve des vies

En 1959, par une froide journée de février, un premier patient subit une opération à cœur ouvert au Manitoba; c’est un garçon de cinq ans de la communauté de Notre-Dame-de-Lourdes.

Né et élevé à Winnipeg, le Dr Morley Cohen a effectué la première opération à cœur ouvert au Manitoba à l’Hôpital Saint-Boniface, en février 1959.

L’opération, qui visait à réparer un petit trou dans le cœur du garçon, a duré sept heures et a été réalisée à l’Hôpital Saint-Boniface par le Dr Morley Cohen, tandis que son collègue, le Dr Richard Burrell, s’occupait du cœur-poumon artificiel. L’équipe s’est entraînée pendant des mois pour se préparer à l’intervention. Le Dr Cohen tenait le cœur de l’enfant dans la main pendant qu’il réparait le trou; le cœur a cessé de battre pendant huit minutes, et les organes sont restés exposés à l’air plus de 20 minutes. Heureusement, l’opération a été couronnée de succès.

La portée des interventions cardiaques a changé

Après cette première opération, une douzaine d’autres opérations à cœur ouvert ont été réalisées à l’Hôpital en 1959. Ce chiffre a doublé l’année suivante. Aujourd’hui, l’Hôpital Saint-Boniface se concentre sur les cas de chirurgie à cœur ouvert chez les adultes et traite plus de 70 cas par mois. L’année dernière, il y a eu 763 cas malgré le ralentissement causé par la pandémie.

Le Dr Rakesh Arora est chef de section et directeur médical aux unités de chirurgie cardiaque et de soins intensifs en chirurgie cardiaque à l’Hôpital Saint-Boniface. Si le Dr Cohen pouvait être témoin du programme de chirurgie à cœur ouvert d’aujourd’hui, le Dr Arora espère qu’il serait très fier du legs qu’il a laissé à l’Hôpital.

« Nous avons une tradition d’excellence à Saint-Boniface ».

« Les types d’interventions que nous effectuons, et la nature des interventions, ont changé, a déclaré le Dr Arora. Nous réalisons des procédures valvulaires plus complexes à l’aide du cœur-poumon artificiel; le pontage cardio-pulmonaire, c’est l’expression savante pour le dire ».

Le Dr Rakesh Arora, chef de la chirurgie cardiaque à l’Hôpital Saint-Boniface, avec l’équipement original utilisé par le Dr Morley Cohen en 1959. Avec l’aimable autorisation du Musée de Saint-Boniface.

En gros, le programme de Saint-Boniface a évolué pour intégrer quatre grands piliers de la chirurgie cardiaque. Le premier de ces piliers puise ses racines dans l’opération du petit garçon et comprend des procédures devenues aujourd’hui courantes, notamment le pontage et la chirurgie valvaire, qui ont vu le jour au cours des 40 à 50 dernières années. Le deuxième pilier relève d’un aspect plus complexe de la chirurgie valvaire, soit la section de l’aorte qui traverse la poitrine. Le troisième pilier représente les thérapies pour insuffisance cardiaque chez les patients dont les muscles cardiaques fonctionnent mal, ainsi que l’utilisation de dispositifs implantables durables. Le quatrième pilier consiste à améliorer les soins périopératoires des patients au moment de leur intervention chirurgicale, depuis leur admission jusqu’à leur sortie.

« L’Hôpital Saint-Boniface a une tradition d’excellence, a déclaré le Dr Arora. Elle va de la phase préopératoire, soit l’équipe en salle d’opération, la perfusion (pontage cardio-pulmonaire), les soins infirmiers, les anesthésistes et les chirurgiens, jusqu’à la phase postopératoire dans l’unité de soins intensifs et au service postopératoire ».

« Je pense que les éléments clés de cette tradition, ce sont le travail d’équipe, de bons outils de communication et une équipe qui souhaite sincèrement obtenir les meilleurs résultats pour nos patients. Il s’agit là d’un legs important dont le Dr Cohen serait très fier, puisque la tradition s’est maintenue après son départ du programme ».

La voie de l’avenir passe par l’adoption de mesures peu invasives

À l’avenir, le programme de chirurgie à cœur ouvert de l’Hôpital s’orientera de plus en plus vers des interventions de pointe peu invasives, selon le Dr Arora. « Nous parlions de “cœur ouvert“ au début. Il s’agit généralement d’une grande incision pratiquée dans le sternum, et c’est la façon traditionnelle de pratiquer la chirurgie depuis 1959 jusqu’à aujourd’hui », a-t-il déclaré.

« Nous nous orientons de plus en plus vers ce que l’on appelle la chirurgie cardiaque peu invasive. Il s’agit de mettre à profit les images et d’autres supports, comme de minuscules télescopes insérés dans la paroi thoracique (chirurgie laparoscopique), pour améliorer la chirurgie en pratiquant de plus petites incisions. C’est la nouvelle ère de la chirurgie cardiaque ».

Le Dr Arora a également mentionné comment ces procédures s’intégreront dans la nouvelle salle d’opération hybride endovasculaire de l’Hôpital, qui ouvrira ses portes l’an prochain.


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