La vérité de nos cœurs

Pourquoi les patients autochtones qui ont une maladie du cœur sont plus malades et ont tendance à ne pas se rétablir aussi bien que le reste de la population du Manitoba, même après avoir été traités?

Une équipe de collaborateurs et de chercheurs de l’Hôpital Saint-Boniface et de l’Université du Manitoba essaie de trouver des réponses à cette question et à d’autres questions complexes concernant des disparités en matière de santé chez des membres des Premières Nations des régions urbaines et rurales.

L’étude intitulée Debwewin – La vérité de nos cœurs a débuté en octobre 2014 et prendra fin cette année. Elle a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) : Institut de la santé des Autochtones.

Les taux de maladies du cœur chez les membres des Premières Nations étaient à peu près les mêmes que dans la population générale, jusque vers la fin des années 1970. Depuis, l’écart ne cesse de grandir.

« Aujourd’hui, les Autochtones sont en moins bonne santé, sont malades plus jeunes, les taux de maladies du cœur sont plus élevés et ils ont plus de risque de mourir », explique la Dre Annette Schultz, chercheuse principale dans le domaine des services de santé et des déterminants structurels de la santé, à l’Hôpital Saint-Boniface.

Pendant longtemps, la médecine occidentale a été la seule perspective prise en considération. « Cette étude nous invite à envisager un dialogue qui va plus loin : comment certaines des disparités constatées aujourd’hui peuvent découler du colonialisme historique et continu et de la mentalité coloniale », explique la Dre Schultz.

« L’explication courante consistait à montrer du doigt l’accès et le mode de vie. On se tournait toujours vers un tel discours », ajoute Karen Throndson, MN, inf. aut., infirmière clinicienne spécialisée, Programme de sciences cardiaques, et instigatrice de l’étude à l’Hôpital Saint-Boniface.

« Selon moi, lorsque l’on passe assez de temps avec des membres des Premières Nations, on commence à comprendre que cela ne reflète pas toute la réalité et on ne se satisfait plus de ces explications simples, affirme-t-elle. Voilà la beauté de la recherche. »

« Le cœur est la voix de notre esprit. Lorsque le cœur est endommagé, qu’est-ce que cela dit de l’état de l’esprit? » C’est ce que demande Mary Wilson, une aînée guérisseuse qui a été invitée à contribuer à l’étude Debwewin.

Maintenant, on pense qu’un élément important a été négligé et que cela doit changer, ajoute Mary Wilson. « C’est l’occasion de prendre du temps pour réparer les torts qui font partie du paysage institutionnel », dit-elle.

En tant que femme autochtone, la coordonnatrice du projet, Moneca Sinclaire, Ph. D., a axé sa carrière sur la santé de son peuple. « Des membres de ma famille ont le diabète de type 2 et divers problèmes de santé. Je voulais savoir ce qui se passait », explique-t-elle.

« Nous avons nos façons de voir ce que signifie la santé pour nous, en tant qu’Autochtones. Il y a une longue histoire de personnes qui entrent à l’hôpital. Dans notre langue, le mot hôpital signifie endroit où mourir, dit-elle. Voilà comment notre communauté parle du système de soins de santé. »

« Cette démarche n’aide pas seulement les Autochtones, elle aide tout le monde qui se présente à l’hôpital. »

« Souvent, les gens ont l’impression de ne pas être les bienvenus dans ce milieu, poursuit Moneca Sinclaire. Beaucoup d’entre nous ont le cœur brisé en raison des pensionnats et des cliniques pour la tuberculose. Cependant, le système de soins de santé ne reconnaît rien de tout ça. »

« De mon côté, j’ai abordé ce projet… en voulant créer un endroit pour mieux accueillir les Autochtones et pour que les non-Autochtones puissent apprendre à nous accueillir dans le système de santé. »

L’étude Debwewin (un mot ojibwé qui signifie « vérité ») a fait des comparaisons entre des patients, des traitements et des résultats sur l’état de santé.

Vous pouvez lire la suite de cet article dans le numéro du printemps 2019 du magazine Croyez-y.


Vous pouvez soutenir l’excellence de la recherche à l’Hôpital Saint-Boniface.