Une mauvaise journée au bureau

15 février 2024

Darlene Sorin, de Lockport, aime le répéter : « Une crise cardiaque, ce n’est jamais une bonne chose. Mais si cela vous arrive, l’Hôpital Saint-Boniface est le meilleur endroit où se trouver ».

Elle parle d’expérience, puisqu’elle a été victime d’un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI), la forme de crise cardiaque la plus grave, sur son lieu de travail au printemps 2023. Elle avait 61 ans. Mme Sorin avait fait ses débuts en tant qu’adjointe de direction auprès de Nicole Aminot, présidente-directrice générale de l’Hôpital Saint-Boniface, moins d’un an auparavant.

C’était le 26 avril, pour être exact; Mme Sorin se souvient que c’était la Journée des professionnels de l’administration. Mme Aminot lui avait offert un bouquet de fleurs ce matin-là.

Sorin se souvient que la journée se déroulait comme d’habitude au siège de l’Hôpital. Avec une collègue, elle était allée faire sa promenade habituelle de quatre kilomètres dans les tunnels de l’Hôpital à l’heure du midi.

« Je suis revenue à mon bureau, je me suis assise et j’ai commencé à travailler », explique Mme Sorin. « Soudain, j’ai eu une sensation étrange. Quelque chose n’allait pas. » Cependant, elle n’avait ni la nausée ni le souffle coupé. Son regard s’est posé sur son bras et elle a vu qu’il était pâle, « comme Casper le gentil fantôme », raconte-t-elle.

Son amie Karen, qui l’avait accompagnée dans sa marche, est entrée dans le bureau. Elle a remarqué que Darlene était pâle et penchée sur le côté de sa chaise. « Je lui ai dit que je ne me sentais pas bien », se souvient Mme Sorin.

Inquiète, Karen a d’abord pensé à appeler le Dr Scott Brudney, dont le bureau se trouvait juste au bout du couloir. Il s’est précipité au bureau de la direction de l’Hôpital pour examiner l’état de Mme Sorin.

« Le Dr Brudney m’a regardée et m’a immédiatement dit : “Darlene, il faut que tu ailles tout de suite à l’urgence”. Il savait ce qui se passait. » Mme Sorin a tenté sans conviction de protester pour éviter de quitter son poste. « C’est dire à quel point j’étais dans le déni », dit-elle.

En route vers le Service des urgences, au bout du couloir
Darlene Sorin, adjointe de direction auprès de Nicole Aminot, présidente-directrice générale de l’Hôpital Saint-Boniface.

Les collègues de Mme Sorin l’ont assise dans l’un des fauteuils roulants bleus Staxi dont l’Hôpital se sert pour déplacer les patients. Elle perdait connaissance par intermittence.

« Karen m’a conduite en fauteuil roulant au Service des urgences », se souvient Mme Sorin. « Elle était si anxieuse que le fauteuil cognait sur toutes sortes d’objets dans les couloirs. Je lui ai dit qu’elle allait perdre son permis de conduire, et nous avons ri. Au moins, je n’ai jamais perdu mon sens de l’humour ».

Une fois sur place, les infirmières de triage ont rapidement évalué l’état de Mme Sorin comme elles le feraient pour tout patient présentant les symptômes d’une crise cardiaque. Un électrocardiogramme a confirmé que Darlene était en train de faire un infarctus. Sa vie ne tenait plus qu’à un fil : il fallait la traiter de toute urgence.

« Ils m’ont mise sur une civière et m’ont directement envoyée au Laboratoire de cathétérisme cardiaque », raconte-t-elle. « Tandis qu’ils me faisaient passer les portes, je me souviens d’avoir fait remarquer qu’organiser les visites du Laboratoire de cathétérisme pour les cadres faisait partie de mon travail. »

Darlene a appris que son artère coronaire droite était complètement bouchée. Son cardiologue, le Dr Ashish Shah, a posé trois endoprothèses pour débloquer l’artère, en les insérant dans son poignet gauche pour les faire remonter le long du bras jusqu’au cœur. (Elle retournera à l’Hôpital Saint-Boniface en juin 2023 pour se faire poser une quatrième endoprothèse.)

« Je n’ai jamais eu peur, je n’ai jamais été anxieuse. J’ai senti que j’étais entre de très bonnes mains », déclare-t-elle. « Le Dr Shah m’a donné une petite tape sur l’épaule et m’a dit : “Darlene, tu vas t’en sortir, ne t’inquiète pas”. Les soins que j’ai reçus ont été vraiment remarquables; tout le monde a été fantastique. »

Les symptômes des femmes passent souvent inaperçus

Les maladies cardiaques sont la première cause de décès prématuré chez les femmes au Canada. Les crises cardiaques sont courantes dans la famille de Mme Sorin. Ses deux parents en sont morts.

« Mon père a fait une crise cardiaque à la maison. J’avais 14 ans à l’époque. C’est mon frère aîné, qui avait 17 ans à l’époque, et moi qui lui avons administré la RCR », raconte-t-elle.

Les crises cardiaques ne se présentent pas toujours de la même manière chez les femmes. Des études ont montré que 53 % des femmes qui présentent les symptômes d’une crise cardiaque ne les reconnaissent pas.

« Mon père a serré sa poitrine et s’est écroulé sur le sol lorsqu’il a eu sa crise cardiaque, comme dans les films », raconte Mme Sorin. « Mes symptômes n’étaient pas du tout les mêmes que les siens ou que ceux auxquels on s’attendrait. Je n’ai pas eu de nausées, ni même de vertiges. Je me sentais juste pas bien. »

Certaines femmes peuvent même être victimes d’une crise cardiaque sans ressentir de douleur ou de gêne dans la poitrine. « Ma crise cardiaque a été sans douleur », dit-elle.

« Je n’en reviens toujours pas d’avoir eu un infarctus. Parfois, je n’arrive même pas à y croire. »

Parmi les symptômes courants de la crise cardiaque chez les femmes figurent l’essoufflement, une pression ou une douleur dans le bas de la poitrine ou le haut de l’abdomen, des vertiges, des étourdissements ou des évanouissements, une pression dans le haut du dos et une fatigue extrême. Une douleur peut être ressentie ailleurs, par exemple au niveau du menton et de la mâchoire inférieure.

« Si j’avais été chez moi, je serais morte. J’aurais dit à mon mari, Jacques, “Je ne me sens pas très bien, je vais m’allonger”. Et je ne me serais probablement jamais réveillée », explique Mme Sorin.

Elle considère qu’elle était au bon endroit au bon moment. « Ma famille est tellement reconnaissante que cela se soit passé à l’Hôpital Saint-Boniface », ajoute-t-elle. « Je n’en reviens toujours pas d’avoir eu un infarctus. Parfois, je n’arrive même pas à y croire. »

Les événements l’ont également amenée à mieux apprécier le travail effectué à côté de son immeuble, au Centre de recherche Albrechtsen de l’Hôpital Saint-Boniface.

Dre. Inna Rabinovich-Nikitin, chercheuse principale à l’Institut des sciences cardiovasculaires de l’Hôpital Saint-Boniface

C’est là que des spécialistes comme la Dre Inna Rabinovich-Nikitin, chercheuse principale à l’Institut des sciences cardiovasculaires de l’Hôpital Saint-Boniface, ouvrent des perspectives passionnantes dans le cadre de la nouvelle initiative de recherche sur la santé cardiovasculaire des femmes.

« On m’a expliqué que les femmes restent sous-étudiées, sous-diagnostiquées, sous-traitées et sous-informées lorsqu’il s’agit de leur santé cardiovasculaire. Ensemble, nous pouvons mieux faire », a-t-elle déclaré.

« Je dirais aux autres femmes : n’ignorez jamais aucun symptôme. Je veux qu’elles sachent que les symptômes sont très différents chez les femmes. Nous devons donc être très attentives. Parfois, quand on ne se sent pas bien, c’est en fait plus grave que ça. Et n’hésitez pas à vous rendre à l’urgence s’il le faut. »

En repensant à son expérience, Mme Sorin dit se sentir plus intimement liée à l’Hôpital Saint-Boniface. « Je travaille à Saint-Boniface et j’en ai aussi été une patiente », explique-t-elle. « Cela illustre parfaitement le fait que le personnel de l’Hôpital est une partie intégrante de la communauté qu’il dessert. »


Soutenez la recherche sur la santé cardiaque des femmes à l’Hôpital Saint-Boniface, qui a contribué à sauver la vie de Darlene Sorin. Donnez dès aujourd’hui.