Une carrière féconde

La Docteure Miyoung Suh accompagnée de son équipe


Le 19 juillet 2022 

La Docteure Miyoung Suh étudie le rôle de la nutrition maternelle dans l’amélioration des symptômes du trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale, une déficience développementale évitable causée par l’exposition du fœtus à l’alcool durant la grossesse. 

Chercheuse principale au sein de la Division des maladies neurodégénératives de l’Hopital Saint-Boniface et du Centre canadien de recherches agroalimentaires en santé et médecine (CCRAM), la Docteure Suh vient de recevoir une aide supplémentaire pour mener à bien ses travaux. 

Elle est la récipiendaire de 2022 du Prix Ronald-Duhamel d’innovation. Ce prix annuel est doté d’une bourse qui s’élève cette année à 12 156,38 $. 

La Docteure Suh reçoit la bourse qui accompagne le Prix Ronald-Duhamel des mains de la présidente et directrice générale de la Fondation de l’Hôpital Saint-Boniface, Madame Karen Fowler.

« Depuis 2009 où je travaille à l’Hôpital Saint-Boniface, ce prix a été décerné à des projets de recherche ayant des retombées significatives », fait-elle remarquer.  

« J’étais très flattée d’avoir été mise en candidature. Quand j’ai appris que j’avais remporté le prix, je me suis dit : C’est vrai? C’est moi qui l’ai remporté? ». 

En lui remettant le prix, le directeur de la Division des maladies neurodégénératives, le Docteur Paul Fernyhough, l’a désignée comme « une chef de file mondiale dans le domaine de la nutrition et de la diététique ». Il a aussi souligné l’importance de sa recherche pour la santé publique.  

« Le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale représente un enjeu majeur pour les peuples autochtones du Canada, comme le soulignent les appels à l’action 33 et 34 de la Commission de vérité et réconciliation. En donnant suite à ces appels à l’action, la Docteure Suh et son groupe renforcent le rôle que joue l’Hôpital Saint-Boniface sur le chemin de la réconciliation dans le domaine médical. » 

Le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale touche 300 000 Canadiens et 3 000 enfants par an (gouvernement du Canada/Agence de santé publique du Canada). Une fois le diagnostic établi, les personnes affectées ne peuvent recourir qu’à des systèmes de soutien puisqu’il n’y a pas d’options thérapeutiques permettant de les soigner. 

Intervention nutritionnelle précoce 

La recherche de la Docteure Suh est axée sur la mise au point de stratégies d’intervention nutritionnelle précoce au cours de la grossesse et de l’allaitement, qui pourraient déboucher sur une solution pour prévenir le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale ou en atténuer la gravité. 

En partenariat avec les Premières Nations du Manitoba, son équipe de recherche a constaté que plus de 85 % des femmes enceintes qui consomment de l’alcool ne reçoivent pas l’apport nutritionnel conseillé de l’acide docosahexaénoïque (ADH) oméga 3, une composante structurelle essentielle du cerveau nécessaire au développement et au fonctionnement cérébral optimal du fœtus. 

Une étude ayant pour but d’évaluer l’efficacité de l’ADH pour pallier les effets délétères de l’alcool durant cette étape cruciale de croissance est en cours. 

Les travaux de la Docteure Suh auprès des collectivités des Premières Nations ont aussi donné lieu à la mise sur pied d’un projet innovateur intitulé Smart Vertical Farm for Health. Cette ferme verticale intérieure, régie par ordinateur, produit à longueur d’année une variété de légumes, de fines herbes et de fruits destinés à la collectivité. Des essais pilotes ont permis de constater que les produits de la ferme verticale étaient plus riches en nutriments essentiels que ceux offerts dans les marchés d’alimentation du Nord. 

« Quarante-sept pour cent de la population adulte de la Nation crie Opaskwayak est atteinte du diabète », déclare la Docteure Suh. « On peut changer ça. » 

« Nous serons à même de constater les bienfaits pour la santé et pour l’économie lorsque les collectivités du Nord produiront et consommeront leurs propres aliments nutritifs en plus grande quantité ». 

À titre de récipiendaire du Prix Ronald-Duhamel, la Docteure Suh rejoint les rangs d’autres chercheurs, cliniciens et professionnels de la santé qui se sont distingués au sein de la communauté de l’Hôpital Saint-Boniface. 

Chef de file, rassembleuse et modèle exemplaire 

La Docteure Suh remercie de tout cœur les onze membres de son équipe de recherche (« mes enfants », dit-elle) composée d’étudiants du département de sciences de l’alimentation et de la nutrition humaine de la faculté d’agriculture et de sciences alimentaires de l’Université du Manitoba.  

En apprenant la nouvelle, elle les a immédiatement invités à fêter dans un restaurant. Elle a aussi fait un don pour un prix d’excellence en agriculture et sciences alimentaires et elle prévoit en verser un à la Fondation de l’Hôpital Saint-Boniface.  

Née en Corée du Sud, la Docteure Suh est venue au Canada pour poursuivre ses études. Après avoir obtenu un doctorat de l’Université de l’Alberta en 1998 et entrepris une carrière scientifique, elle espère servir de source d’inspiration aux femmes de sa terre natale. 

« La culture de la Corée du Sud est essentiellement masculine. C’est au Canada que des occasions se sont présentées et elles n’ont pas manqué. Je veux montrer aux femmes coréennes que la réussite professionnelle est possible. » 


Faites un don aujourd’hui pour appuyer des recherches qui changent la donne comme celles que mène la Docteure Miyoung Suh.