Rescapé d’une crise cardiaque : preuve de l’efficacité de la campagne « Composez le 911, ne conduisez pas »

9 mars 2022

Soumis par le réseau ACS du Manitoba

Après 20 années à intervenir dans des situations d’urgence médicale en tant qu’ambulancier paramédical, Ron Keelan, chef de district des activités paramédicales du service d’incendie et de soins médicaux d’urgence de Winnipeg, était terrassé par un infarctus. C’est maintenant lui qui avait besoin d’aide.  

« Tout a commencé par un picotement du coude jusqu’au bout des doigts, raconte le professionnel. C’est comme si on avait appuyé sur un interrupteur. Je l’ai senti instantanément, mais je me suis dit que je devais simplement être fatigué et déshydraté. »  

Ron, 44 ans, n’a pas d’antécédents médicaux et se réunit régulièrement avec son équipe de hockey pour une partie au Winnipeg Winter Club. C’est au cours de l’une de ces soirées, alors qu’il était sur la glace, qu’il a été pris d’un malaise.  

« Malgré mes connaissances médicales, mon ego a pris le dessus et je refusais de croire que ça pouvait être grave. Je ne voulais pas attirer l’attention sur moi, alors j’ai continué de jouer. »  

Peu après le début de la partie, Ron a manqué une esquive. Il a remarqué que ses bras étaient engourdis et ressaient d’intenses brûlures d’estomac. De retour sur le banc, il a commencé à penser que ce pourrait être plus grave qu’il ne le croyait, car la sensation de brûlure s’est rapidement transformée en une douleur aiguë. Serrant sa poitrine d’une main, il agitait l’autre pour encourager son coéquipier et beau-frère, qui a marqué le dernier but de la partie.  

Dans le vestiaire, au lieu des discussions habituelles de fin de partie, l’équipe était muette. Ron était blanc comme un linge. Un coéquipier, urgentiste comme lui, l’a regardé et a demandé s’il devait appeler une ambulance. Ron a acquiescé et quelques minutes plus tard, les premiers intervenants étaient sur les lieux.  

La forme la plus grave de crise cardiaque est l’« infarctus du myocarde avec élévation du segment ST », aussi appelé STEMI. Le diagnostic est trois fois plus rapide pour les personnes en STEMI qui composent le 911 que pour celles qui se rendent d’elles-mêmes à l’urgence. À leur arrivée à l’hôpital, le délai de prise en charge est également plus court. L’équipe STEMI se met en branle à l’instant où un répartiteur répond à l’appel. Celui-ci formule alors des conseils, se renseigne sur les symptômes et oriente l’appel en conséquence afin que les bonnes ressources soient envoyées directement à l’endroit où se trouve le patient.  

Les prochains membres de l’équipe STEMI à se rendre sur les lieux sont les ambulanciers paramédicaux. Ces professionnels hautement qualifiés, qui ont reçu une formation spécialisée, sont en mesure de reconnaître les signes d’un infarctus et de fournir des soins de réanimation au besoin. À leur arrivée, ils vérifient si la personne fait un infarctus en procédant immédiatement à un tracé d’électrocardiogramme, qu’ils transmettent par voie électronique au médecin de garde de l’équipe STEMI. Si celui-ci confirme le diagnostic, les ambulanciers paramédicaux commencent sans plus tarder le traitement pharmacologique.  

Dès que l’infarctus est confirmé, le protocole STEMI est enclenché. Le cardiologue et le personnel infirmier de garde de l’équipe STEMI sont alertés et commencent à préparer le laboratoire de cathétérisme cardiaque en vue de l’implantation d’une endoprothèse vasculaire pour déboucher l’artère à l’origine du STEMI. À l’arrivée du patient, les ambulanciers paramédicaux se dirigent directement vers le laboratoire sans passer par le service d’urgence. Le patient recevra ainsi des soins en environ moitié moins de temps que s’il s’était présenté au service d’urgence par ses propres moyens.  

Pour un muscle comme le cœur, chaque minute compte

« Je suis cardiologue et je reçois encore beaucoup trop de personnes qui prennent leur voiture pour venir à l’hôpital alors qu’elles sont victimes d’un infarctus », déplore le Dr John Ducas, coresponsable et directeur médical du Manitoba ACS Network et cardiologue à l’Hôpital général de Saint-Boniface. « Pour un muscle comme le cœur, chaque minute compte. En composant le 911, vous recevrez des soins bien plus rapidement, ce qui réduira le risque de lésions cardiaques et pourrait même vous sauver la vie. Appelez les secours. »  

Pour chaque heure de retard dans le traitement, le risque de lésions cardiaques graves et de mortalité augmente de 10 %. Au Manitoba, les ambulanciers paramédicaux se trouvant dans un rayon de 100 kilomètres de Winnipeg amèneront les patients qui répondent aux critères du protocole STEMI directement à l’Hôpital général de Saint-Boniface, centre d’excellence en cardiologie du Manitoba. Pour les patients qui se trouvent en dehors de ce rayon, en région rurale, le médecin de l’équipe STEMI décidera du meilleur traitement et du moyen de transport le plus rapide (transport aérien y compris), de manière à ce que le patient reçoive les soins dont il a besoin dans les plus brefs délais.  

« Dès qu’un répartiteur répond à votre appel, la machine se met en branle pour que vous receviez les meilleurs soins possible en aussi peu de temps que possible. Compte tenu de ma formation, je savais – peut-être même trop bien – ce qui se passait », affirme Ron. Habitué à prodiguer des soins, mais non à en recevoir, il se souvient d’avoir donné des instructions aux ambulanciers à leur arrivée : « Je suis chef de district des activités paramédicales et je pense que je fais une crise cardiaque. Je vais avoir besoin d’une ECG 12 dérivations et je prendrais bien de l’aspirine et une pompe de nitro, s’il vous plaît. » 

Au Manitoba, seulement environ la moitié des personnes qui font un infarctus composent le 911. Ces patients sont traités plus rapidement, ils ont de meilleures chances de survie et sont moins sujets aux lésions cardiaques. Parmi celles qui prennent leur voiture pour se rendre au service d’urgence, 1 sur 18 subit un arrêt cardiaque qui leur sera fatal. Ces personnes mettent non seulement leur vie en danger, mais aussi celle des autres.  

« Faire un infarctus est une expérience émotionnelle. On est confronté à notre propre mortalité assez rapidement. J’ai commencé à me demander quelle serait ma vie après cela, déclare Ron. Le fait est que mon artère coronaire droite était complètement bouchée et que mon artère interventriculaire antérieure était bouchée à 90 %. »  

Parce que ses coéquipiers ont appelé les secours, Ron a bénéficié d’un traitement accéléré grâce au protocole STEMI. Des endoprothèses ont été posées sans plus tarder pour déboucher ses artères. Ron estime que cette intervention ne lui a pas seulement sauvé la vie, mais elle a également préservé son cœur de graves lésions.  

« Je me souviendrai toujours que mon cardiologue traitant, le Dr Ducas, m’a dit après la chirurgie que c’était grâce une intervention rapide que mes lésions cardiaques ont été négligeables, affirme Ron. Je suis la preuve qu’en recevant des soins rapidement, on minimise les lésions. »  

Par conséquent, Ron ne manque pas de rappeler à ses amis et sa famille l’importance de reconnaître les symptômes d’un infarctus et d’appeler une ambulance.  

« Je sais que si j’avais pris le volant, je n’aurais pas eu autant de chance. Je suis infiniment reconnaissant d’être là aujourd’hui et de pouvoir passer des moments privilégiés avec ma femme et ma famille. Je prêche auprès de tous mes proches, prêtez attention à ces symptômes : faiblesse, douleurs thoraciques, essoufflement. L’infarctus peut se présenter sous différentes formes, mais appelez une ambulance dès que possible. »  

L’expérience de Ron en tant que patient a également renforcé son soutien au protocole STEMI et ses avantages dans le cadre de son travail.  

« Avoir moi-même été un patient m’a aidé dans mon travail d’ambulancier à chercher des moyens de mieux aider les personnes qui vivent ce genre d’expérience émotionnelle. Je comprends ce qu’elles ressentent et je peux leur assurer qu’elles ont eu raison de composer le 911. Je peux leur dire que je suis passé par là et que je m’en suis bien sorti. »  

Il y a sept ans que Ron a fait un infarctus et il est redevenu aussi actif qu’avant. Il court, nage et joue au hockey trois fois par semaine; il a aussi apporté des changements à son alimentation et à son hygiène de vie pour rester en bonne santé. Il surveille notamment sa tension artérielle, prend les médicaments prescrits pour contrôler son état et mange plus sainement.  

« L’équipe STEMI m’a littéralement sauvé la vie. Elle m’a même permis de gagner en qualité de vie. Il m’arrive parfois même d’oublier cet épisode, c’est dire. » 


Pour de plus amples renseignements, consultez le site du Manitoba ACS Network : mbacsnetwork.ca (en anglais seulement).