Des travaux de recherche « rétro » pour un avenir meilleur

David Lipnowski Photography, gracieuseté de l’Université de Winnipeg


Le 27 janvier 2022

L’ADN humain contient des milliers de virus, et chacun d’entre eux présente le potentiel de s’exprimer de manière utile ou nuisible.

La Dre Renée Douville s’intéresse de près aux rétrovirus endogènes humains en vue de mettre au point des traitements pour les troubles neurologiques, notamment la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie dévastatrice des motoneurones.

Et elle se réjouit de relever le défi en qualité de nouvelle chercheure principale au sein de la Division des troubles neurodégénératifs du Centre de recherche Albrechtsen de l’Hôpital.

« Il est difficile d’exprimer à quel point je suis heureuse, ainsi que mon équipe, d’être ici, a déclaré la Dre Douville. Nous faisons partie d’une communauté de recherche dynamique. Nous sommes entourés de chercheurs en santé aux grands talents, et je constate chaque jour leur dévouement et leur travail acharné ».

Professeure de biologie à l’Université de Winnipeg, la Dre Douville étudie les rétrovirus endogènes depuis plus de 15 ans.

« Une bonne part du génome humain est d’origine virale, explique-t-elle. Les scientifiques avaient l’habitude de le qualifier d’ADN poubelle. Nous savons maintenant qu’il est à la fois bénéfique et nuisible; par exemple, c’est l’un de ces gènes qui permet au placenta de se greffer à l’utérus pendant la grossesse ».

« D’autres rétrovirus endogènes peuvent être nuisibles. Nous en avons identifié un dont la protéine neurotoxique est impliquée dans la SLA; il entraîne des dommages neuronaux et cause une inflammation au cerveau. C’est en comprenant mieux le processus qui se déroule que nous progressons vers la mise au point de médicaments antiviraux et de biomarqueurs qui peuvent faire l’objet d’essais cliniques. Ce sera là une contribution importante à l’établissement de traitements thérapeutiques dont nous avons désespérément besoin ».

La Dre Douville attribue à un protagoniste de petite taille le mérite d’avoir joué un rôle majeur dans cette recherche : la mouche à fruits.

« La mouche à fruits constitue un excellent modèle de recherche pour les maladies humaines. Nous pouvons élaborer des modèles viraux et en modifier aisément les lignées génétiques pour effectuer différents tests. Nous étudions l’impact de ces modifications sur la physiologie et le cerveau. Le simple volume de données produites constitue un autre avantage ».

Originaire de Winnipeg et ayant grandi à Saint-Boniface, la Dre Douville a été inspirée très tôt à vouloir explorer les mystères de l’ADN grâce au roman de science-fiction L’Échelle de Darwin, paru en 1999.

Les réalités de la vie ont aiguisé son intérêt : son grand-oncle est décédé des suites de la SLA. Boursière postdoctorale de l’Université McGill et de l’Université Johns Hopkins, elle a rencontré de nombreux autres patients atteints de la SLA et a été émue par leur sort.

On estime que 3 000 Canadiens sont atteints aujourd’hui de la SLA; or, il n’existe actuellement aucune cure ni aucun traitement efficace qui permettrait de stopper sa progression ou de la ralentir. Chaque année, environ 1 000 Canadiens reçoivent un diagnostic de SLA. Quatre personnes sur cinq qui en sont atteintes mourront dans les cinq années suivant le diagnostic. (Société canadienne de la SLA)

Des progrès vers les antiviraux

« Les antirétroviraux sont maintenant utilisés pour traiter les personnes vivant avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine). Si nous pouvons recourir aux traitements existants qui ont permis au SIDA de passer d’une sentence de mort à une maladie traitable, nous pouvons faire de même pour les patients atteints de SLA. Les données cliniques non scientifiques et publiées suggèrent qu’ils sont très bénéfiques ».

Selon la Dre Douville, il n’existe que très peu de laboratoires au Canada et un petit nombre de laboratoires dans le monde qui étudient les rétrovirus endogènes.

Outre les troubles neurologiques, la documentation révèle que les rétrovirus endogènes contribuent aussi à la sclérose en plaques, à l’arthrite, au lupus et à de nombreux cancers.

Bien que la relation entre la maladie et les rétrovirus endogènes soit complexe, la Dre Douville pense que des traitements ne tarderont pas.

« D’ici quelques années, nous aurons une recommandation solide quant aux médicaments antiviraux à mettre au point afin de combattre les rétrovirus endogènes ».


Donnez dès aujourd’hui pour aider les chercheurs comme la Dre Renée Douville à mettre au point des traitements pour venir à bout des maladies éprouvantes.