Les secrets qui se cachent dans les poumons

18 mars 2021

Quand on pense à la COVID-19 qui frappe, on s’imagine des problèmes respiratoires assez graves pour nécessiter l’emploi de l’oxygène et même d’un ventilateur.

Bien que ce soit clair que la COVID-19 s’attaque aux poumons, la question demeure de savoir pourquoi certaines personnes tombent gravement malades et d’autres pas?

Les chercheurs de l’Hôpital Saint-Boniface croient que la réponse se trouve dans les lipides des poumons – les molécules grasses qui composent la structure des cellules vivantes et assurent leur fonctionnement.

« Les patients les plus gravement malades sont atteints d’un syndrome inflammatoire aigu », explique le Dr Amir Ravandi, chercheur principal, lipidomique cardiovasculaire et cardiologue d’intervention à l’Hôpital Saint-Boniface. « Nous étudions les lipides pour tenter d’abord de comprendre comment ils ont changé dans les patients les plus gravement malades et ensuite de mettre au point des thérapies possibles pour bloquer l’action de lipides mortels dans les poumons ».

Le Dr Ravandi et son collègue à l’Hôpital Saint-Boniface, le Dr Harold Aukema, chercheur principal, Nutrition et médiateurs lipidiques, au Centre canadien de recherches agroalimentaires en santé et médecine, sont tous les deux membres d’une équipe interdisciplinaire composée de représentants de l’Université du Manitoba, du Centre des sciences de la santé de Winnipeg et du Laboratoire national de microbiologie.

« C’est la toute première recherche portant sur la relation entre les lipides et la COVID-19 », explique le Dr Ravandi.

« Nous cherchons à savoir si la présence de lipides dans les poumons est un facteur prédictif, si elle peut expliquer pourquoi certaines personnes sont plus gravement atteintes et s’il sera possible d’intervenir médicalement pour modifier les lipides dans les poumons afin d’améliorer les pronostics. »

La recherche s’effectue avec des échantillons vivants – des extraits biologiques. Ces échantillons sont prélevés quotidiennement pendant une période de 11 jours chez des patients gravement atteints de COVID-19 qui sont maintenus sous respirateur.

« Les patients ne peuvent pas tousser. Les inhalothérapeutes et les médecins ont recours à l’aspiration pour extraire les sécrétions que les patients ne peuvent pas expectorer. Nos échantillons proviennent de ces sécrétions. Comme ils contiennent le virus vivant, de nombreuses mesures de précaution ont été mises en place, bien évidemment. C’est une chance que l’équipe possède des connaissances interdisciplinaires communes approfondies ».

Un spectromètre de masse installé dans le centre de recherche Albrechtsen de l’Hôpital Saint-Boniface est indispensable à une étape clé de la recherche. En effectuant la mesure exacte de la masse de différentes molécules dans un échantillon, l’appareil permet au chercheur d’identifier un type particulier de molécule, dont les lipides. Ce qui importe tout autant, explique le Dr Ravandi, c’est que le spectromètre de masse quantifie la présence d’un type particulier de molécule, indiquant si le nombre augmente ou diminue.

Au début de 2021, les travaux viennent à peine de commencer.

« Nous avons commencé à recueillir les échantillons. Nous espérons terminer l’étude cette année et que les résultats nous permettront d’identifier les molécules lipidiques qui induisent une réaction très grave. La prochaine étape consisterait à développer un anticorps – une sorte de frappe chirurgicale thérapeutique – à délivrer directement dans les poumons. »

Le Dr Ravandi invite les donateurs de la Fondation de l’Hôpital Saint-Boniface à s’enorgueillir de ce projet.

« Cette recherche est rendue possible grâce à notre expertise unique. Le centre de recherche Albrechtsen figure parmi les rares installations qui se consacrent à étudier le rôle des lipides dans différentes maladies. »

« Ce ne serait vraiment pas possible sans le soutien des donateurs. »


Participez à cet élan de générosité essentiel en faisant un don au Fonds de lutte contre la COVID 19 dès aujourd’hui.