Un leader d’exception

Qualifié de « visionnaire » par ses collègues, le Dr Grant Pierce quittera bientôt son poste de directeur général de la recherche de l’Hôpital Saint Boniface, après en avoir assuré la direction pendant 15 ans.

L’ère Pierce – trois mandats consécutifs – dans le fameux bureau du coin du Centre de recherche Albrechtsen de l’Hôpital Saint-Boniface et à l’Institut de recherche clinique I. H. Asper prendra fin lorsque ce dernier quittera ses fonctions administratives, la veille du Jour de l’An.

Le chercheur pionnier affirme qu’après avoir quitté ses fonctions, il continuera de travailler à titre d’investigateur principal (titre qu’il détient depuis la fin des années 1980) à son laboratoire du Centre de recherche Albrechtsen. Il a l’intention de se consacrer à sa recherche sur les bienfaits de la consommation régulière de graines de lin pour la santé cardiaque, tout en poursuivant sa récente étude portant sur une nouvelle plateforme qu’il a mise au point pour les antibiotiques avec son équipe. Il prévoit également poursuivre son travail à titre de professeur émérite de physiologie et de pathophysiologie à l’Université du Manitoba.

Le Dr Pierce considère que c’est pour lui un privilège et un honneur d’avoir contribué à l’avancement professionnel de bon nombre de ses collègues, tout en ajoutant que le moment est venu de passer à autre chose. Il fait remarquer que le Dr John Foerster, le premier directeur général de la recherche à l’Hôpital (1986-2006) et son prédécesseur, avait fait le même constat quand il a quitté son poste.

« Le Dr Foerster disait qu’il était temps d’insuffler une nouvelle énergie, de donner une nouvelle orientation et d’adopter de nouveaux processus de réflexion. Aujourd’hui, je comprends ce qu’il voulait dire, parce que je suis du même avis. J’ai mis toute mon énergie, ma réflexion et mon inspiration au service des gens qui travaillent ici dans le but d’instaurer le meilleur environnement de recherche possible. Il est maintenant temps de confier les rênes à une personne qui ira encore plus loin que moi », conclut il.

La Dre Elissavet Kardami, investigatrice principale, Biochimie des cellules musculaires, Institut des sciences cardiovasculaires, a travaillé avec son collègue Pierce pendant plus de 30 ans. Elle le décrit comme un leader à la fois bienveillant et affirmé, et comme un visionnaire.

« Son laboratoire a toujours été ouvert. Quand un étudiant ou moi même avions besoin d’une technologie, quelle qu’elle soit, il était toujours très disponible et nous encourageait dans nos efforts. Il demandait toujours : « Comment puis je vous aider? ». Voilà l’attitude que j’associe le plus à Grant. Au lieu de nous décourager d’entreprendre un projet, il répondait toujours « Comment puis je vous aider? »

Le Dr Pierce acquiesce :

« Le rôle principal du titulaire de ce poste est de servir, cela ne fait aucun doute. Le but de notre travail, c’est d’être au service des autres. »

« Ce n‘est pas pour servir vos propres intérêts, ni pour promouvoir votre propre recherche ou autre chose. Vous êtes là pour servir les autres et les aider à atteindre l’excellence dans leurs projets de recherche. »

Une carrière remarquable

Sous la direction du Dr Pierce, l’Hôpital Saint Boniface a été classé par la firme Research Infosource Inc. au premier rang des hôpitaux de recherche de l’ouest du Canada durant huit années successives. « Je suis fier de cela parce qu’il ne s’agit pas de moi, mais de l’environnement de recherche que nous avons créé ici. C’est valorisant pour tout le monde. »

Il a joué un rôle de premier plan dans la création de l’Institut des sciences cardiovasculaires (ISC), tout en contribuant à la fondation du Centre canadien de recherches agroalimentaires en santé et médecine (CCARM) et à la construction du RBC Youth BIOlab Jeunesse, inspiré d’un programme antérieur.

Diverses collaborations à des projets de recherche internationaux ont été des moments forts du mandat du Dr Pierce comme directeur général. Il a notamment collaboré au programme sur les cellules souches cardiaques du Laboratoire canado-italien d’ingénierie tissulaire (CITEL) – une collaboration entre l’ISC et l’Université Roma Tor Vergata, en Italie, ainsi qu’au projet Research Without Borders – en partenariat avec l’Université Ben-Gourion du Néguev, en Israël, une collaboration « puissante » selon la collègue Kardami.

Le Dr Pawan Singal, investigateur principal, Pathophysiologie cellulaire, et ancien directeur de l’Institut des sciences cardiovasculaires, affirme que son collègue Pierce a toujours eu le souci d’améliorer les choses tout au long de sa vie. Les deux chercheurs sont des collègues et amis depuis plus de 30 ans.

« En un mot, il est exceptionnel, dit Singal. Il a réussi à créer de nouveaux programmes à l’Hôpital Saint Boniface, tout en assurant l’expansion des programmes déjà en place. Le résultat, c’est que nos deux centres de recherche, le Centre de recherche Albrechtsen et l’Institut de recherche clinique I. H. Asper, fonctionnent maintenant au maximum de leur capacité. » L’Hôpital Saint Boniface s’enorgueillit aujourd’hui de ses 30 laboratoires où travaillent 250 employés, tout en assurant la formation d’une centaine d’étudiants par année.

« Travailler dans un contexte d’austérité, c’est quelque chose qui ne l’a jamais déstabilisé. Le soutien des donateurs de la Fondation nous a énormément aidés. Le Dr Pierce a joué un rôle de premier plan dans les campagnes de financement. Non seulement avons nous poursuivi notre travail, mais nous avons élargi notre sphère d’activités », dit Singal.

Grant Pierce répond avec toute l’humilité qui le caractérise : « Dans le cadre du travail que nous avons accompli au cours des 15 dernières années, il n’y avait pas de place pour l’égo. Nous avons fait tout cela grâce à l’excellente expertise que nous avons réunie ici », explique t il.

« Ma principale qualité en tant que leader, c’est ma capacité d’écoute. Je ne fais qu’écouter les conseils que me donnent les gens qui travaillent ici. Ils ont des idées fantastiques, une vaste expertise et beaucoup de connaissances. Tout ce que j’ai à faire, c’est de dire : « Quelle excellente idée! Mettons-là à exécution. » Toute cette énergie et, bien souvent, cet enthousiasme de la jeunesse, m’ont énormément plu. Cela va me manquer. »

Le mot de la fin revient à M. Singal. « Je lui ai écrit une note pour lui dire qu’il avait fait un travail phénoménal. « Vous auriez pu faire un mandat de plus, mais c’est une bonne chose que vous retourniez au laboratoire en tant qu’investigateur principal. »

« Je lui ai dit qu’un investigateur principal possédant un peu plus d’expérience du fonctionnement de l’ISC et du Centre de recherche sera un précieux atout. »


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