Sur la piste du rétablissement

« Brett, il y a quelque chose qui cloche avec votre valve aortique. »

Le cardiologue avait appelé Brett Arnason pour lui annoncer cette nouvelle alors que ce dernier était dans la salle d’embarquement de l’aéroport international Richardson de Winnipeg. C’était en février 2013. L’homme de 63 ans était en route pour Munich, en Allemagne, où il allait participer au Championnat du monde des maîtres de patinage de vitesse.

Les résultats d’un électrocardiogramme (ECG) révélaient que M. Arnason avait, depuis la naissance, une valve aortique bicuspide présentant deux feuillets au lieu de trois. Avec l’âge, cette anomalie avait commencé à entraver sa circulation sanguine. On lui réserverait donc une place pour une intervention chirurgicale de remplacement dès son retour chez lui.

« Votre valve a une ouverture de 0,7 cm, et à 0,6 cm, vous seriez envoyé d’urgence à l’hôpital, lui a précisé le cardiologue. Pouvez-vous au moins vous ménager un peu à Munich? »

Toujours aussi compétitif, M. Arnason a décroché la troisième place.

Cette chirurgie cardiaque à Saint-Boniface serait en fait la première d’une série de trois, dont deux durant la pandémie.

L’épouse de M. Arnason, Marnie, explique que son mari s’est toujours senti invincible, et qu’il trouve toujours une façon de régler les problèmes. Il est pilote d’avion et il a bien failli s’écraser quelques fois. « Je n’ai jamais pensé mourir. Je peux parfois être ébranlé, mais je ne panique jamais », affirme M. Arnason.

Les chirurgiens ont remplacé sa valve aortique bicuspide en juin 2013 à l’Hôpital Saint-Boniface par une valve fabriquée à partir de tissu biologique, technologie médicale novatrice qui ne nécessite pas la prise d’anticoagulants. Il a obtenu son congé de l’hôpital trois jours plus tard.

M. Arnason a repris la compétition dès novembre et il a continué ainsi plusieurs années jusqu’au moment où il a commencé à avoir du mal à suivre ses compagnons d’entraînement.

« Je me suis mis à souffrir d’une toux chronique et de reflux gastriques et j’ai cessé la compétition en 2020, explique-t-il. J’ai consulté mon cardiologue, et mon électrocardiogramme (ECG) était normal. Nous ne parvenions pas à cerner le problème. C’était peut-être un simple signe de vieillissement. »

Un peu plus tard au cours du mois, il s’est levé un matin, la tête en sueur. Étourdi, il s’est assis dans la cuisine. « Puis, je me suis relevé et j’ai fait quelques pas. J’ai oublié ce qui s’est passé ensuite, mais j’ai dû perdre connaissance. Marnie a entendu le bruit sourd de ma chute sur le plancher : je faisais un infarctus. »

Les ambulanciers l’ont emmené de toute urgence au Laboratoire de cathétérisme cardiaque de l’Hôpital Saint-Boniface. À peine un peu plus d’une heure après l’appel de son épouse au service 911, il avait une endoprothèse pour débloquer son artère coronaire droite et il était déjà en train de se rétablir. (Cette intervention ultrarapide et vitale a été rendue possible en partie grâce aux protocoles provinciaux de traitement des infarctus STEMI qui ont été mis au point et instaurés à partir de recherches financées par des donateurs de la Fondation.)

Toutefois, une autre mauvaise nouvelle se profilait : on a constaté que sa valve aortique était défaillante et qu’il fallait la remplacer.

La chirurgie s’est déroulée à l’Hôpital Saint-Boniface à la fin de septembre. Il a obtenu son congé quatre jours plus tard, un jour de plus que la fois précédente.

Les tremblements ont débuté en janvier 2021. M. Arnason a de nouveau ressenti des malaises; il tremblait de façon incontrôlable, parfois pendant une heure à la fois. À la fin du mois, il s’est rendu au Service d’urgence de l’Hôpital Saint-Boniface, où l’équipe médicale a découvert que son rythme cardiaque était anormal.

Les prises de sang ont révélé une autre nouvelle dévastatrice : une infection bactérienne dans sa nouvelle valve aortique. Un antibiotique à large spectre a guéri l’infection, mais les bactéries avaient déjà détruit la valve et endommagé le tissu cardiaque. Voilà donc qu’à 71 ans, il allait devoir bientôt subir une autre chirurgie au cœur et avoir besoin d’un stimulateur cardiaque, lui a annoncé son médecin.

« On m’a prévenu que cette fois, le remplacement de ma valve ne serait pas une opération facile. Les chirurgiens allaient devoir créer des extensions aortiques, procédure complexe et laborieuse. Pour la réaliser, il aura finalement fallu près de 14 heures à quatre médecins et à toute l’équipe composée de 14 membres du personnel », explique M. Arnason.

« J’ai pu observer que tous ceux que j’ai rencontrés à l’hôpital, que ce soit les assistants ou les physiothérapeutes, étaient bien conscients de la valeur de leur travail. Je crois que cette confiance est renforcée par le soutien indéfectible des donateurs envers la Fondation. Grâce à leur aide, ils se sentent plus en mesure de faire le maximum pour améliorer la vie des patients. »

Aujourd’hui, Brett Arnason a la chance de pouvoir recommencer à patiner. « Je peux profiter de ma vie familiale. Je suis un homme heureux. Je joue au golf, je pilote des avions, je fais de l’équitation et surtout, je peux encore jouer avec mon petit-fils Franklin. »


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