« Plus que des camarades de classe, nous étions comme des sœurs. »

Le 17 août 2021

C’était en août 1958. Ethel Hook, alors une jeune femme de 18 ans, venait de quitter la ferme familiale et sa petite collectivité tissée serrée de la campagne manitobaine pour étudier à l’École de sciences infirmières de l’Hôpital Saint-Boniface de Winnipeg.

Bobbie Carey et Carol Cochrane à l’école en 1958.

« Ma mère, mon père et ma tante m’ont déposée à l’Hôpital. Je n’y étais jamais allée auparavant. Alors que je me tenais derrière la statue de Jésus devant la résidence et que je les regardais partir, je me suis dit : “Ma vie ne sera plus jamais la même.” Comme j’avais raison », se remémore Mme Hook en riant.

Cette année, alors que l’École souligne son 150e anniversaire, Mme Hook et ses camarades de classe célèbrent le 60e anniversaire de l’obtention de leur diplôme. Des 53 étudiantes à avoir terminé le programme de trois ans en 1961, 38 d’entre elles sont toujours vivantes. Depuis les 60 dernières années, elles se réunissent tous les cinq ans sans interruption. Mme Hook, qui vit à Winnipeg, a joué un rôle de coordination pour ses camarades de classe pendant tout ce temps, et a gardé tout le monde en contact et au courant des dernières nouvelles et des derniers événements.

Plusieurs d’entre elles se connaissent depuis plus longtemps qu’elles ne connaissent leur conjoint, fait remarquer la camarade de classe Carol Cochrane, aussi de Winnipeg. « Nous partageons un lien spécial, dit-elle. Mme Cochrane a également joué un rôle important dans la coordination des réunions au fil des ans.

« Ces trois années ont changé nos vies. »

« Il y avait des dizaines de femmes avec qui vous partagiez tout : les salles de bains, les téléphones, la buanderie. Semblerait-il que certaines filles partageaient même leur petit ami, mais je ne m’aventurerai pas sur ce terrain, déclare Mme Hook. Avant même d’avoir terminé notre formation, nous étions souvent confrontées à des questions de vie ou de mort à l’hôpital. À l’époque, nous dirigions l’endroit, surtout les week-ends, et nous avons grandi très vite. »

« Presque toutes les filles dans notre classe avaient un petit ami lorsque nous avons commencé et je crois que de celles qui ont terminé la formation, seulement deux d’entre elles ont marié le garçon qu’elles fréquentaient. Ces trois années ont changé nos vies. Elles sont devenues ma communauté; il semblait tout simplement naturel que nous restions en contact d’une manière ou d’une autre… Mon monde s’était ouvert, et je ne voulais pas le perdre. »

Rencontre en mode virtuel pour 2021

Les membres de la promotion de 1961 de l’École de sciences infirmières lors de leur rencontre de 1981.

« La rencontre de cette année a été la plus émouvante que nous ayons jamais eue », explique sa camarade de classe Bobbie Carey depuis sa maison à Sidney, en Colombie-Britannique. La pandémie les a forcées à tenir un événement virtuel. Elles ont rassemblé 20 personnes par vidéoconférence, se sont échangé des courriels, et ont écouté de la musique des années 1950 et du début des années 1960 sur une station de radio Internet programmée spécialement pour la rencontre par le fils de Mme Cochrane. Les festivités ont duré presque une semaine entière. « Nous avons entendu beaucoup de Elvis Presley », dit-elle.

« Les échanges de courriels ont duré des jours, explique Mme Carey. D’une certaine façon, nous avons bénéficié de la pandémie parce cela nous a forcées à trouver d’autres moyens de communication. Cette rencontre a été la plus chaleureuse, la meilleure, la plus amicale et la plus excitante de toutes celles que nous avons tenues. Elle a tout simplement scellé nos relations qui ont évolué et se sont renforcées au cours de ces 60 années. C’est un hommage aux Sœurs Grises. Nos trois années de “semi-couvent” à l’Hôpital Saint-Boniface nous ont permis de grandir ensemble et d’apprendre à faire face à la vie et à la mort », explique-t-elle.

« Une chose que nous avons toutes développée, c’est le soutien les unes envers les autres au fil de ces trois années. Les étudiants en sciences infirmières d’aujourd’hui n’ont pas tout à fait la même expérience que nous avions avec la vie en résidence. »

Les trois infirmières sont d’accord : « Souvent, nous n’avions pas grand-chose à faire avec les femmes qui vivaient aux autres étages. Cependant, grâce à nos réunions, nous avons appris à les connaître, à les apprécier et à prendre soin d’elles et des autres. Toute notre classe de diplômées partage un lien spécial. »


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