« Ça m’a frappé de plein fouet »

Le 25 mai 2021

Coureuse et monitrice de conditionnement physique de groupe, Sarah Carroll sait comment elle se sent quand sa fréquence cardiaque monte à 180 battements par minute (bpm). Se sentir ainsi alors qu’elle était alitée et fiévreuse a été pour elle une expérience terrifiante. (La fréquence cardiaque normale au repos d’un adulte en bonne santé se situe entre 60 et 100 bpm, selon la Fondation des maladies du cœur du Canada).

« Je suis entraîneuse personnelle, je donne des cours de conditionnement physique, je soulève des poids, je fais du yoga et je fais du vélo, de la course à pied et de la natation plusieurs fois par semaine, explique Mme Carroll, qui est également leader au Winnipeg Run Club. Je connais très bien mon rythme cardiaque, et je fais beaucoup d’exercices et de cours fondés sur le rythme cardiaque. »

« Dans une séance de vélo ou durant une course difficile, je sais ce que l’on ressent à 180 bpm et je sais aussi qu’on ne peut pas rester longtemps à ce niveau parce que c’est tellement épuisant et difficile à maintenir. Que mon cœur batte ainsi au repos, c’était effrayant. Je pensais que j’allais faire un arrêt cardiaque », déclare-t-elle.

Alors que Carroll a des vomissements et que sa fièvre grimpe à 40°C, son mari appelle une ambulance. Quelques heures plus tard, elle est à l’unité COVID-19, au sixième étage de l’Hôpital Saint-Boniface. À 31 ans, elle apprend qu’elle a contracté le variant très contagieux du coronavirus connu sous le nom de B117.

Transmission en milieu scolaire soupçonnée

Mme Carroll est mère de deux jeunes garçons, âgés de 5 et 9 ans. « Il y a eu une épidémie à l’école de mon fils aîné. Il a donc été le premier à l’attraper; son école a été l’une des premières à fermer à Winnipeg. Mes deux garçons ont fini par contracter la maladie; ils ont eu une légère fièvre pendant quelques jours, tout comme les symptômes d’une grippe », dit-elle.

J’ai été surprise de contracter la COVID-19 de l’un de mes fils. « J’ai toujours pensé que mon mari et moi-même étions plus à risque parce que je travaille dans un gymnase et qu’il est charpentier et passe beaucoup de temps chez ses clients, affirme-t-elle. Mais nous étions prudents, nous portions nos masques et nous respections la distanciation sociale. On nous avait dit de ne pas trop nous inquiéter de la transmission dans les écoles. »

Pour Carroll, l’infection à la COVID-19 a été bien pire que ce qu’elle avait entendu, ou observé chez ses fils. « Tout le monde dit que c’est bénin quand on est jeune et en bonne santé, mais ça m’a frappé de plein fouet. Le 27 avril, j’ai couru 5 km sur mon tapis roulant, sans problème. Le lendemain, le 28 avril, je ne me sentais pas trop bien à mon réveil. Mon plus jeune ne se sentait pas bien non plus, alors j’ai pensé que nous irions tous les deux passer un test de dépistage. Le 29 avril, on me transportait en ambulance à l’hôpital. Tout est arrivé très vite. »

Son mari n’a jamais contracté le virus. « Je pense que nous avons eu de la chance, dans un sens; j’ai été hospitalisée avant même de savoir que j’étais positive », dit-elle.

Tout d’abord admise à l’Hôpital général de Victoria, elle ne pouvait pas être transférée à l’unité COVID-19 de l’Hôpital Saint-Boniface avant d’avoir obtenu un résultat positif au test rapide, ce qui s’est fait quelques heures plus tard. Le résultat positif de son test antérieur en clinique est arrivé à peu près au même moment, confirmant une nouvelle fois le diagnostic.

Le personnel infirmier a prodigué des soins avec compassion

Carroll se souvient à peine de ses premiers jours passés à l’Hôpital Saint-Boniface, car elle avait beaucoup de fièvre et ne réagissait pas bien aux médicaments. Elle a reçu de l’oxygène pour l’aider à compenser sa respiration superficielle.

« Le deuxième ou troisième jour à l’hôpital, alors que j’étais à mon plus mal, je me souviens d’avoir pensé qu’en de tels moments, je pouvais voir comment les gens pouvaient finir par s’épuiser. C’était tellement dur et épuisant. Je pouvais voir comment, si leur corps n’était pas aussi fort, ils ne pourraient pas s’en sortir. »

Elle a appris qu’elle faisait partie des quelque 37 patients de l’unité COVID-19, séparée des cas les plus graves de l’unité des soins intensifs. Les chiffres l’ont étonnée. « Les lits étaient tous occupés; les chambres étaient toutes occupées. Ils ont dû commencer à installer deux lits dans les chambres. Comme j’avais un variant plus contagieux, je suis restée seule dans la mienne, mais il y avait beaucoup d’autres patients qui partageaient une chambre », se souvient-elle.

Même si l’unité était bondée, le personnel soignant qui s’est occupé de Carroll a fait un travail remarquable. « Je ne saurais dire trop de bien des soins que j’ai reçus. Les membres du personnel infirmier étaient tous si compatissants. Je ne pouvais pas être avec mes fils, qui étaient également malades, et j’étais seule à me battre contre la COVID. Ils appelaient mon mari et me donnaient des nouvelles de l’état de santé de mes enfants. Ils ont rendu ce qui était pour moi une situation désespérée beaucoup moins effrayante, avec tellement de grâce et d’amour pour leur travail. »

La pression implacable pouvait parfois se lire sur le visage des infirmiers et infirmières. « Un d’entre eux est resté en poste pendant 16 heures. Ils avaient tous l’air épuisés. Ils disaient être inquiets et effrayés parce que tant de jeunes gens sans antécédents médicaux étaient admis. Ils m’ont dit que c’était beaucoup plus difficile pour eux de voir arriver de jeunes patients dans l’unité COVID-19 », ajoute-t-elle.

Des camarades du club de course de Bridge Forks ont rendu visite à Carroll de loin, le 4 mai, certains se déguisant en personnages de la Guerre des étoiles pour lui remonter le moral. « Nous nous réunissons habituellement tous les mardis à La Fourche. Le leader a changé le parcours de la course prévue cette semaine-là pour qu’ils puissent tous se rassembler sous ma fenêtre. C’était agréable de les voir! »

Carroll est sortie de l’Hôpital Saint-Boniface le 7 mai, après une semaine d’hospitalisation. « À la fin de mon séjour, mon rythme cardiaque au repos était revenu à la normale, soit dans les 50 », affirme t elle.

Marcher pour recouvrer la santé

Le premier jour de son retour à la maison, Carroll s’est fixé un objectif : marcher jusqu’à sa boîte aux lettres et en revenir. Depuis, elle a augmenté petit à petit son activité physique, ce qu’elle considère comme un facteur important de son rétablissement.

« J’ai constaté que, depuis que je me suis remise à marcher, mes poumons se dégagent, dit-elle, en ajoutant : je profite de ce temps qui m’est donné pour me rétablir. Je fais une cure pour nettoyer mon corps parce que je n’étais pas habituée à tous les stéroïdes et médicaments, et je me concentre sur mon alimentation. »

« Bien qu’il y ait eu des jours sombres, je suis maintenant capable de marcher 5 km par jour, et j’espère recommencer à courir d’ici la semaine prochaine, explique-t-elle. J’attribue à mon conditionnement physique le mérite de m’avoir aidée à me rétablir. Je pense que cette expérience m’a rendue encore plus passionnée que jamais pour ce que je fais; elle m’a prouvé à quel point il est important de rester en bonne santé et en forme. »


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